Raid Gauloises 2002 au Vietnam

2 équipes de l’Ecole Polytechnique ont pris part au 11ème Raid Gauloises au Vietnam du 27 avril au 9 mai 2002

Bac Ha, samedi 27 avril 2002, 5h30 du matin. Un jour timide se lève sur les montagnes couvertes de rizières en terrasses de cette région du nord du Vietnam épargnée par le tourisme de masse. La caravane du Raid Gauloises et ses 51 équipes ont établi un campement sur le stade de cette petite ville, pour la dernière nuit complète avant 10 jours d’épreuve non-stop. Les 2 équipes de polytechniciens sont un peu fébriles ; elles s’apprêtent à réaliser enfin un rêve qui leur a demandé presque 2 ans de préparation : prendre le départ de cette épreuve mythique. Les dernières heures sont longues ; on prépare les sacs à dos qui seront les fidèles compagnons tout au long de la course avec le minimum vital afin d’être le plus léger possible : pas de sac de couchage, une simple couverture de survie suffira pour les trop rares heures de sommeil, quelques lyophilisés et beaucoup de barres énergétiques pour tenir le coup.

L’heure tant attendue arrive enfin et à 13 heures tout le monde s’élance à pied sur une piste bien tracée à travers la montagne. Très vite les écarts se creusent entre les équipes et nous comptons déjà 2h de retard sur les équipes de tête. Déjà la nuit tombe et après un orage diluvien qui ne nous laisse absolument rien de sec, nous demandons l’hospitalité dans un village. Après quelques palabres, nous réussissons à nous faire comprendre et on nous offre du riz et les lits de la famille pour dormir.
C’est souvent chez les gens les plus démunis que l’on trouve le plus grand sens de l’accueil et du partage. Il en sera ainsi jusqu’à la fin de la course dans ce pays tellement hospitalier…
Départ à 3h pour la suite de cette section de trek qui compte un total de 120 km que nous parcourons en une quarantaine d’heures. Nous retrouvons ensuite nos vélos pour 100 km sur bitume. Cette fois la distance est avalée en quelques heures malgré un soleil de plomb qui nous oblige à nous arrêter régulièrement pour nous rafraîchir. Après une courte liaison à pied, nous arrivons au canoë à la nuit tombante. Nous décidons d’enchaîner sans dormir, nous contentant d’un repas lyophilisé avalé en vitesse. La tache en canoë est ardue. Notre pire ennemi est le manque de sommeil ; les têtes commencent à dodeliner et le coup de pagaie se fait moins efficace, nous obligeant à nous arrêter 30 minutes pour récupérer un peu. Nous arrivons finalement vers 10 heures du matin au point d’assistance 1 où nous avons le bonheur de trouver repas chaud et matelas pour dormir…

Mais le chrono tourne et 4 heures plus tard nous repartons sur nos vélos pour ce qui devrait n’être qu’une courte étape de VTT (45 km). Malheureusement le relief et la chaleur nous font souffrir et, comble de malchance, Lâl perd une de ses chaussures de course qu’il avait mal fixée dans son sac à dos, sans que nous puissions la retrouver sur le chemin. Nous décidons donc de continuer malgré tout, Lâl relevant le défi d’effectuer les 2 treks suivants avec ses chaussures de vélo. Arrivant de nuit au Check-point nous y retrouvons une équipe de notre connaissance, arrêtée pour maux de pieds. Ce sera le cas de nombreuses équipes, tout au long de la course. L’un des équipiers ne repartira pas. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Lâl récupère ses chaussures du 42,5 pour équiper ses pieds du 44.

Nous repartons au petit matin, et après un trek égayé d’une tyrolienne et d’un pont de singe, nous arrivons au départ du radeau de bambou. Le nôtre est un peu fébrile et reste en permanence sous le niveau de l’eau. Au diable la sécurité ! Nous ôtons nos gilets de sauvetage et les utilisons comme promontoire pour garder au sec nos pieds trop fragiles.

La rivière se met à serpenter entre 2 falaises abruptes et passe dans une grotte somptueuse avant de rejoindre le lac de Bac Be, site classé patrimoine national, sur la rive duquel nous nous débarrassons de notre embarcation. Après une nouvelle section trekking, ponctuée d’une halte en bord de chemin, dictée par notre sommeil, nous arrivons en milieu de nuit au point ou nous attendent nos vélos. Nous ne repartons qu’au lever du jour, avalons presque sans faute les quelques 40 kms de piste et arrivons au poste en bordure de rivière où nous devons monter nos canoës en catamaran, avec l’aide de bambous, pour y jucher les VTT. Plus que quelques heures de navigation et nous arriverons au point d’assistance 2. Cela nous donne du cœur à l’ouvrage… Et nous y arrivons en fin d’après-midi. Un nouveau moment de pur bonheur où nous pouvons nous laver, nous restaurer à volonté et nous reposer… pour repartir à minuit sur une nouvelle section de marche, puis une activité de spéléologie, un peu trop humide au goût de nos pieds, avant d’enchaîner sur une nouvelle portion de vélo. Le 3ème point d’assistance est juste après, très proche du précédent et nous espérons l’atteindre avant de nous reposer. Malheureusement la route ressemble à celle de Paris-Roubaix. L’enfer du nord, quand il faut rouler sur les pavés avec une visibilité ridicule. Lorsque Tom chute, gagné par la fatigue, nous décidons qu’il est temps de s’arrêter et trouvons refuge chez un vieil homme alerté par le bruit. Nous n’arrivons finalement qu’à 6 heures du matin au point d’assistance 3, après avoir forcé la nuit blanche de Pierre et Loïc, nos 2 assistants.

Pas de temps à perdre cette fois-ci. Juste le temps de nous soigner une dernière fois les pieds et nous repartons pour une section de barque vietnamienne sur un lac. Heureuse surprise quand nous arrivons, les fameuses barques ont été remplacées par nos canoës fétiches après que les 2 premières équipes aient chacune coulé dans leur barque respective. Nous avalons donc la distance puis retrouvons nos fidèles destriers pour quelques 50 kms de piste. Puis encore un trek, qui nous fait gravir le mont Yen Tu, haut lieu de pèlerinage, au petit matin, et nous arrivons aux abords d’un fleuve pour récupérer nos kayaks et pagayer sur les 100 derniers kilomètres qui nous séparent de l’arrivée…

Sur 51 équipes au départ, les 2 équipes de l’Ecole Polytechniques terminent complètes :

  • Ecole Polytechnique – Renault Sport termine 17ème en 9 jours, 7 heures et 44 minutes
  • Ecole Polytechnique – Ville de Palaiseau termine à la 24ème place en 10 jours, 4 heures et 30 minutes.

Tom Renaud, membre de l’équipe Ecole Polytechnique – Ville de Palaiseau
Le 13 mai 2002

Retour en haut